1989 vue de Moscou : déclin ou renaissance ? Par Cyrille Bret. 1989, un évènement pour la Russie ?
VUE de Moscou, l’année 1989 est bien différente de celle qui est célébrée à Berlin et Paris. Envisagée depuis la capitale de l’URSS puis de la Russie, 1989 est une des étapes qui conduisent l’Etat soviétique du faîte de sa puissance à sa dissolution, en l’espace d’une décennie. De 1979, année de l’intervention soviétique en Afghanistan, à 1991, qui consacre la dissolution de l’Union, en passant par 1985, date de l’accession de Mikhaïl Gorbatchev au poste de Secrétaire Général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques évolue du statut de puissance mondiale à celui de vaincu géostratégique et de naufragé économique. Toutefois, vue de Moscou, l’année 1989 marque aussi un nouveau départ : c’est l’année des premières élections libres depuis la révolution de 1917.
C’est dans le temps long qu’il faut ressaisir la place de cette année dans le passé de la Russie – et dans son futur immédiat. De la CEI à l’UEE. Vers une intégration économique dans l’espace postsoviétique ? DEPUIS la dislocation progressive de l’Union soviétique (URSS) au cours de l’année 1991, plusieurs des quinze États successeurs, et notamment la Russie, n’ont cessé de vouloir bâtir un nouvel ensemble économiquement intégré.
En dépit des liens économiques, culturels et ethniques, qui remontent à l’empire des tsars, cet exercice s’est révélé fort complexe. L’implosion de l’Union soviétique crée un choc économique et social d’une puissance inouïe qui s’est traduite par le fractionnement instantané de la chaine de production et l’effondrement du système de planification centralisée. Face à cette situation, les premiers réflexes des nouveaux Etats indépendants ont été protectionnistes, chacun s’emparant des ressources situées sur son territoire, ce qui a mené à une paralysie totale des échanges interétatiques.
Un réseau de gazoducs au cœur de la géopolitique russe. Chaque semaine, Benjamin DAUBEUF, enseignant en histoire-géographie au lycée Val de Seine du Grand-Quevilly, commente un article de Courrier international en rapport avec les programmes de sa discipline.
Cette semaine : les ressources gazières russes. Le monde en cartes : Comment la Russie assoit sa puissance sur les gazoducs. Quelle « reconquête » de l’Arctique russe ? Une stratégie de puissance dans une périphérie en déclin. LA « reconquête » ou la « recolonisation » de l’Arctique par l’Etat russe, terme élaboré par des chercheurs Occidentaux [1], est un ensemble de discours et de stratégies de réinvestissement de ce territoire par le pouvoir central après une période d’abandon et de déclin.
Ces stratégies émergent en 2008 pendant la « redécouverte de l’Arctique [2] », véritable tournant de la politique de l’État russe dans ses périphéries, qui repose sur des mégaprojets innovants. Ce « retour du Léviathan [3] » en Arctique s’accompagne d’une réactualisation des attributs de la puissance soviétique et de ses modes d’expression, par l’héroïsation des explorateurs et la mythification des ressources et la revitalisation des ports de la Route maritime du Nord. Russie-Chine : des relations ambivalentes. Pourquoi ? P. Andrieu répond.
LES premiers contacts formels entre la Russie et la Chine datent de 1619, lorsque les cosaques Ivan Petlin et André Mundov ont été reçus à la cour impériale à Pékin [1].
Au XVIIème siècle la Russie a entamé son expansion vers la Sibérie et l’océan Pacifique. En 1689 fut signé avec l’Empire Qing le traité de Nertchinsk qui repoussait sa frontière au-delà du lac Baïkal et imposait des relations commerciales avec la Chine. Ce texte a été suivi des traités d’Aïgoun (1858) et de la Convention de Pékin (1860) [2] qui a conduit à l’annexion de vastes territoires chinois par la Russie [3]. Avec ces « Traités inégaux » [4], l’Empire russe a participé au XIXème siècle au dépeçage de la Chine, de concert avec les puissances occidentales et le Japon.
Cette période, qualifiée en Chine « d’époque de l’humiliation », a évidemment laissé une trace profonde dans l’inconscient des Chinois. La Russie peut-elle devenir l’alliée de la Chine ? Chaque semaine, Benjamin Daubeuf, enseignant en histoire-géographie au lycée Val-de-Seine du Grand-Quevilly, commente un article de Courrier international en rapport avec les programmes d’histoire-géographie de terminale et de première spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP).
Cette semaine : le rapprochement en cours entre la Russie et la Chine. En quoi cet article s’inscrit-il dans le programme ? Les relations stratégiques sino-russes, Xi Jinping et Vladimir Poutine : un nouvel axe rouge ? Entretien avec Thierry Fortin. Thomas Billebault (T.B.) : Quel est le fondement contemporain des connexions stratégiques Chine-Russie ?
Thierry Fortin (T.F. ) : Nous pouvons voir les relations entre la Chine et la Russie modernes comme des liens tissés entre deux grands pays nés d’un affranchissement spectaculaire : d’un système politique vu comme obsolète et despotique pour les Russes en 1917 et d’une tutelle coloniale pour la Chine en 1949, qui s’était auparavant retrouvée sous l’éteignoir pendant plus d’un siècle. Cependant, si la Chine est toujours sous régime politique communiste car l’appareil du Parti est toujours en place (avec une économie « capitaliste » dérégulée), la Russie post-soviétique, elle, n’est plus un pays communiste depuis la fin de l’URSS en 1991, et son régime est désormais plus proche du modèle autocratique et « capitaliste ».
T.B. : Depuis quand date l’intensification d’une coopération entre la Chine et la Russie dans les domaines stratégiques économiques et militaires ? Bonus. Poutine, un judoka chez les footballeurs. Transnistrie : exister grâce au football ? Phénomène géopolitique et sportif exceptionnel, la présence en Ligue des Champions du Sheriff Tiraspol, qui affronte ce mercredi soir le prestigieux Real Madrid, illustre la schizophrénie de la Transnistrie.
Ce territoire, qui a fait de facto sécession de la Moldavie en 1992, oscille constamment entre son appartenance juridique à ce pays et sa proximité avec la Russie, qui le soutient financièrement à bout de bras et y dispose d’une base militaire. Principale équipe de football de la région séparatiste, construite et financée par la tentaculaire holding Sheriff contrôlée par l’oligarque Viktor Gouchane, le club joue néanmoins dans le championnat moldave et ses joueurs ont l’autorisation d’évoluer au sein de l’équipe nationale de Moldavie. Le système politico-économico-sportif de la Transnistrie est absolument incomparable. Analyse d’une construction géopolitique inédite, entre sport, corruption et blanchiment d’argent. Un « pays qui n’existe pas » ?