Je reproche à Elise Lucet de jeter l’opprobre sur ceux qui savent et le disent sans esbroufe : scientifiques, chercheurs, agronomes. Je lui reproche aussi, en se présentant comme la journaliste qui lève d’affreux lièvres, alors que les autres journalistes ne feraient rien et seraient payés pour se taire, de décrédibiliser le travail lent, patient, continu, de recoupage des sources, de suivi des dossiers. Et quand il s’agit de répondre aux critiques, c’est assez simple : les détracteurs sont des « trolls ». « Il ne faut pas les croire », nous explique la rédaction de l’émission. C’est une logique totalitaire d’appropriation de la vérité.
Elise Lucet, se contente de faire une irruption dans un sujet, de le maltraiter à grand renfort de teasers, d’utiliser ceux qui s’expriment, et de repartir en laissant une terre brûlée.
J’entends au quotidien les « victimes » de la méthode Lucet. Tous ces chefs d’entreprise, agriculteurs, témoins divers et variés qui se sentent trahis puis jetés comme des Kleenex, à qui on a fait dire des choses qu’ils ne pensent pas, en montant leurs propos, en tronquant leurs réponses. Retour sur « Cash Investigation : fruits et légumes » : critique, avis.
Ce texte est une adaptation pour Science et pseudo-sciences des extraits d’un article plus détaillé mis en ligne sur le site de l’Académie d’agriculture de France [1].
À l’automne 2016, j’avais été scandalisé par un documentaire diffusé sur France 5 déclarant que, « au cours des cinquante dernières années, les aliments ont perdu jusqu’à 75 % de leur valeur nutritive… et il faut cent pommes actuelles pour le même apport de vitamine C qu’une seule pomme ancienne, et vingt oranges au lieu d’une pour l’apport de vitamine A ». D’autres exemples étaient cités, montrant que la plupart des aliments s’étaient « vidés de leurs micronutriments ». Largement reprise par les médias, cette déclaration était un véritable plaidoyer en faveur du « c’était mieux avant ». Par la suite, j’ai été sollicité par une personne ayant lu mon article et qui se déclarait intéressée par des comparaisons sur des espèces ne figurant pas dans mon tableau, me demandant alors de lui prêter les tables de 1981. Références. Si vous saviez, @EliseLucet, le mal que vous faites aux autres journalistes. Cash Investigation et les pesticides : quand des contrevérités sont diffusées en prime time…
Communiqué de l’AFIS - 9 février 2016 L’émission Cash Investigation, diffusée le 2 février 2016, était intitulée « Produits chimiques : nos enfants en danger » [1].
Elle s’est attachée à montrer pendant 2h15 que les pesticides présentent un danger imminent pour la santé des agriculteurs, des consommateurs et des enfants. Tout au long de l’émission, la journaliste Elise Lucet a martelé, sur un ton inquiet et alarmiste, que 97 % des produits alimentaires contiendraient des résidus de pesticides. L’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) déplore qu’une chaîne publique de télévision ait transmis en prime time un tel message, trompeur et alarmiste, à plusieurs millions de téléspectateurs, et que ce message ait ensuite été relayé par l’ensemble des médias et des réseaux sociaux, sans le souci ni de la véracité des « informations » colportées, ni de l’inquiétude légitime mais injustifiée ainsi propagée dans la population. 97 %. 3 %.
Le bio. Comment les téléspectateurs ont été abusés par Cash Investigation. Pesticides et santé des enfants Introduction La connaissance scientifique malmenée Omissions Une mise en scène orientée.
Des pesticides en doses toujours plus massives dans les campagnes. Selon le ministère de l’agriculture, les agriculteurs ont consommé 9 % de plus de produits phytosanitaires en 2014.
Le nombre de traitements est de l’ordre de 2,7 sur les choux-fleurs, 12 pour la tomate, 35 sur les pommes. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Martine Valo Des pesticides en doses toujours plus massives dans les campagnes françaises : voilà ce que révèlent les statistiques que le ministère de l’agriculture a rendues publiques mardi 8 mars. Présentées en périodes lissées de trois ans afin d’intégrer les variations climatiques, elles dessinent une tendance moyenne à la hausse de 5,8 % entre 2011 et 2014. Mais si l’on s’en tient au tout dernier bilan, 2014 apparaît comme la deuxième année noire consécutive. Quant aux volumes bruts des ventes (en tonnes), le constat est plus sévère encore : les agriculteurs ont acheté 16 % de produits phytosanitaires en plus en 2014. Lire aussi : Bataille sur l’avenir du glyphosate en Europe Pouvoir de l’agrochimie Réseaux de pionniers bio. (1) Pesticides : le chiffre bidon de Cash Investigation. Des résidus de pesticides dans 97 % de nos aliments !
Depuis la diffusion de Cash Investigation, sur France 2, le chiffre tourne en boucle. Europe-Ecologie les Verts (EE-LV) s’indigne de ces chiffres «édifiants», plusieurs articles reprennent l’information. Et pour cause, l’émission insiste sur ce chiffre éloquent, qui donne le point de départ de l’enquête. «D’après l’Efsa, l’agence européenne de sécurité des aliments, 97 % des denrées alimentaires contiennent des résidus de pesticide», assène «Cash» au bout de huit minutes. Pendant le débat, à la fin de la diffusion de l’émission, Elise Lucet reprend : «Il y a un chiffre qui est vraiment le point de départ de notre enquête : 97 % des aliments que nous consommons contiennent des résidus de pesticides.»
Le téléspectateur lambda comprendra donc que seuls 3 % des aliments ne sont pas concernés. D’où vient ce chiffre édifiant ? Confusion Pauline Moullot. Pesticides, épisode 2 : «Cash Investigation» a toujours tort. Cash Investigation et les pesticides, désintox n°2.
Nous sommes revenus la semaine dernière sur un chiffre choc de l’émission, selon lequel 97% des aliments contenaient des pesticides. Un chiffre répété deux fois lors du documentaire, et repris abondamment depuis. Mais un chiffre faux, donc. Ce chiffre est tiré d’un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) lu un peu trop vite. L’étude indique en fait que 97% des échantillons analysés respectent les limites légales, alors que 3% dépassent la limite maximale autorisée. Cash Investigation a répondu à notre Désintox. Cash Investigation persiste et signe… Car donc, Cash investigation se défend de toute exagération et affirme que oui, on peut dire que 97% des aliments contiennent des pesticides. Voilà ce qu'affirme Martin Boudot, journaliste auteur de l'enquête, dans sa réponse à Désintox : «Nous avons contacté l’une de nos sources à l’Efsa pour comprendre.
…mais Cash Investigation se trompe à nouveau. « Cash Investigation », lanceur d’alerte trop alarmiste. La télé «coup-de-poing» façon Cash Investigation a assurément un mérite : celui de faire bouger les choses.
Elle a parfois un petit défaut, celui - entre mise en scène musclée et sensationnalisme - de forcer un peu le trait. L’émission diffusée sur France 2 le 2 février, qui a secoué l’opinion (et les politiques) autour de la question des pesticides, a laissé dans le débat public une statistique choc… mais hautement contestable. 97,4 % des aliments de l’UE dans les clous, selon l’Efsa Nombre de médias se sont émus d’un chiffre asséné à deux reprises lors du documentaire : «97 % des aliments comportent des résidus de pesticides.» Science et médias.