Pourquoi nos cerveaux sont-ils enclins au complotisme ? Courrier International et des tiers selectionnés, notamment des partenaires publicitaires, utilisent des cookies ou des technologies similaires.
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Origine des grandes pyramides, assassinat de Kennedy, 11-Septembre… sur ces grands événements historiques, Sylvain Cavalier avait pris l’habitude de contester la version officielle.
Jusqu’à ce qu’un jour, YouTube lui suggère une vidéo niant la réalité du premier pas de Neil Armstrong sur la Lune. Or, Sylvain est un passionné d’astronomie. « Sur un autre sujet, elle m’aurait convaincu, mais là, ça me dérangeait. Pour la première fois de ma vie, j’ai mis en pause la vidéo, j’ai vérifié chaque affirmation sur Google. Et je me suis aperçu que tout était faux !
J’étais furieux. » Cela aura été sa « pilule bleue », celle du retour à la réalité, par opposition à la « pilule rouge » de l’entrée dans un univers alternatif, selon la mythologie du film Matrix, très influente dans la complosphère. Lire aussi Comment « Matrix » a fait passer la pilule du complotisme Il est encore plus rare qu’une figure reconnue par la complosphère fasse volte-face. Réseaux sociaux, réseaux d’infos ? Les médias sociaux sont-ils des réseaux d’informations ? Marion, 14 ans, a « un seul réseau social : Snapchat », l’application de photos et vidéos éphémères plébiscitée par 48,5 % des 15/24 ans, selon la dernière étude de Médiamétrie sur les usages en ligne. Elle y « parle » avec ses amis et regarde parfois des publications de Paris Match ou MTV sur Discover, l’espace dédié aux éditeurs. « J’y ai appris que des lycéens se mettaient en grève pour le climat », relève-t-elle. Le complotisme : ce mal qui ne fait que croître.
La progressive mise en place d’un quatrième pouvoir, œuvrant dans les démocraties à une transparence croissante de la vie publique, s’est ainsi accompagnée d’une conviction profonde que l’essentiel restait secret, caché, inaccessible au profane; que la marche du progrès était tantôt favorisée, tantôt entravée par des pouvoirs occultes poursuivant dans l’ombre un dessein inavoué.
Abreuvée d’informations, l’imagination veut croire que "La Vérité est ailleurs", comme l’affirmait le générique de la série X-Files. Les fictions se sont largement nourries de la sombre poésie des sociétés secrètes, des sectes ou des lobbies capables de mener le monde en sous-main, de perpétuer clandestinement quelques puissants savoirs ancestraux ou de dissimuler à tous des connaissances jugées trop déstabilisantes. À chaque fois, l’imagination fictionnelle vole au secours d’une vérité qui échappe. Écouter 34 min Une conférence enregistrée en 2016.
Le coronavirus est-il sorti d’un laboratoire ? La thèse de l’accident décryptée. Complotisme : Qui est vraiment Christian Perronne, médecin référent des complotistes ? Caution scientifique conspirationniste « Il y a un homme qui connaît bien les mesures à prendre en cas d’épidémie.
Pendant vingt ans, il a géré ces situations de crise. » Cet homme auquel le narrateur du documentaire Hold-up tresse ainsi des lauriers, c’est Christian Perronne. Le chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) est l’un des personnages principaux de ce film sorti le 11 novembre qui prétend dénoncer les « manipulations » cachées de l’épidémie de Covid-19. QAnon : aux racines de la théorie conspirationniste qui contamine l’Amérique. Des centaines de pages, comptes ou groupes supprimés en vingt-quatre heures : le 6 octobre, Facebook a totalement banni toute référence à QAnon de ses plates-formes.
Une mesure rarissime, prise en catastrophe à un mois de l’élection présidentielle américaine, et qui trahit une certaine panique devant la progression aux Etats-Unis, très nette en 2020, de cette théorie alambiquée mêlant pédophilie, satanisme et Hillary Clinton. Les contre-vérités de « Hold-up », documentaire à succès qui prétend dévoiler la face cachée de l’épidémie. Le Covid-19 ne serait guère plus qu’une « grippette », les mesures sanitaires prises depuis le printemps n’auraient aucun sens et les citoyens du monde entier se seraient fait berner par une élite corrompue.
Voilà, à gros traits, ce que prétend dévoiler le documentaire Hold-up, retour sur un chaos (disponible en version payante en ligne depuis mercredi 11 novembre), réalisé par Pierre Barnérias. Très attendu, il a recueilli plusieurs centaines de milliers d’euros de financement participatif, sa bande-annonce a déjà été vue plus de 400 000 fois sur YouTube et il est très largement partagé sur les réseaux sociaux. Vendredi matin, le film a été retiré de la plateforme Vimeo. Pendant un peu plus de deux heures quarante, les auteurs prétendent raconter l’histoire secrète du Covid-19.
Un complotiste sommeille-t-il en chacun de nous ?