La défiance libertarienne monte contre le confinement aux Etats-Unis. Dans l'actualité mondiale de ce lundi matin, il y a une image qui attire notre attention.
Une photo vue sur le site du New York Times... et prise dans la journée de ce dimanche, dans le centre de Denver, Colorado. La ville a connu hier une chose à laquelle elle n'était plus habituée depuis deux semaines : un embouteillage. Circulation bloquée, sur plusieurs carrefours, par des dizaines de grosses voitures klaxonnant, arborant des banderoles et des drapeaux étoilés : voilà ce à quoi peut ressembler une manifestation au temps du coronavirus, une manifestation en voiture, forme choisie de désobéissance civile contre justement les mesures de confinement qui restent imposées à travers les Etats-Unis.
Au moment où la photo du New York Times a été prise, par Alyson McClaran, l'un des gros pick-up deu cortège est arrêté, sur un passage piéton, par un contre-manifestant. Cette image renvoie aussi à d'autres manifestations de ce genre qui ont eu lieu ce week-end ailleurs aux Etats-Unis. Les grandes puissances ont perdu la bataille du « soft power » à l’heure du coronavirus. Ni les États-Unis, ni la Chine, en grande rivalité dans cette pandémie, n’ont marqué des points en terme de « soft power », ce concept de la puissance « douce » devenu un élément-clé des relations internationales.
Cette pandémie, tout le monde l’aura noté, se double d’une rivalité de puissances comme rarement en pareilles circonstances. Il est évidemment trop tôt pour savoir qui en sortira renforcé ou affaibli ; mais on peut d’ores et déjà tirer des conclusions en terme de « soft power ». Le « soft power », la puissance « douce » par opposition au « hard power » militaire, est un concept développé à la fin des années 80 par un professeur américain, Joseph Nye.
Épidémie : Les libertés publiques sont-elles menacées ? Le grand rendez-vous d'information de la mi-journée, présenté par Bruno Duvic. 12h30 - 13h : Les libertés publiques sont-elles menacées ?
Nos invités : Le mystère des chiffres chinois sur les victimes du coronavirus. Des livraisons d’urnes funéraires en grand nombre ont relancé les doutes sur le nombre réel de victimes du covid-19 à Wuhan, d’où est partie l’épidémie.
Certaines évaluations font état de près de vingt fois plus de victimes. La Chine a-t-elle dit toute la vérité sur le nombre de morts du coronavirus à Wuhan, le point de départ de l’épidémie en décembre dernier ? On sait que les autorités locales ont initialement caché l’existence même de l’épidémie ; mais ont-elles pour autant été transparentes après les premières mesures de confinement le 23 janvier ? Cela n’enlève rien au succès ultérieur de la maîtrise de l’épidémie par la Chine, et il ne s’agit pas seulement d’une affaire de véracité historique : ça conditionne le niveau d’informations et d’alerte dont disposaient les autres pays avant que l’épidémie ne sorte de Chine ; et ça joue encore aujourd’hui sur l’analyse des risques à venir.
Une information libre est aussi nécessaire contre une épidémie. La correspondante du « Guardian » au Caire a été expulsée pour avoir questionné le nombre officiel de cas de coronavirus en Egypte.
Un rappel de l’importance d’une information libre pour lutter contre une épidémie, ou pour l’éviter comme à Wuhan en décembre. « La première victime de la guerre, disait Kipling, c’est la vérité ». Il ne faudrait pas que ce soit aussi le cas dans la « guerre sanitaire » que nous vivons, car une information libre et fiable est au contraire indispensable pour traverser cette épreuve. Dans plusieurs pays, ce n’est déjà plus le cas. La correspondante au Caire du quotidien britannique The Guardian, Ruth Michaelson, a été contrainte de quitter l’Égypte après avoir cité une étude scientifique montrant que le nombre de cas de coronavirus y était largement sous-estimé.
La double peine de l’Iran : le coronavirus et les sanctions américaines. L’Iran est le troisième pays le plus touché par la pandémie de Covid-19, mais les sanctions américaines pèsent sur sa capacité à importer du matériel médical.
Au lieu de les lever, Washington les a encore durcies hier. Il est un pays où le désastre sanitaire se double d’une catastrophe géopolitique : c’est l’Iran, troisième pays le plus touché au monde, après la Chine et l’Italie, avec un millier de morts et une épidémie qui ne faiblit pas. Le régime iranien a d’abord caché la gravité de la situation, car l’épicentre de l’épidémie se situe à Qom, ville sainte des chiites.
Il a fini par bouger, et a ordonné la fermeture des sites de pélerinage pour éviter les rassemblements ; mais des vidéos récentes montrent des foules en colère qui tentent de forcer les lourdes portes de ces lieux. Un manifestant déclare que ce site n’a jamais fermé en quatorze siècles, et dénonce une hérésie… COVID-19 : les frontières sont de retour en Europe. Les limites de l'épistémocratie, le pouvoir des savants... Hier vous parliez de l’opposition (comment s’opposer sous l’empire du coronavirus) … Aujourd’hui : comment gouverner ?
Gouverner, par temps plat, c’est arbitrer constamment entre des priorités. Vous avez remarqué, dans le discours politique habituel, il n’y a que des priorités : ma priorité c’est l’emploi, ma priorité ce sont les salaires, l’éducation, la compétitivité, la protection sociale, les retraites, les déficits… tout est numéro 1 ! Mais traiter ces priorités de concert, c’est, en réalité, établir des hiérarchies plus ou moins avouées selon son idéologie revendiquée. ‘Gouverner c’est choisir entre deux inconvenants’ … mot classique de Waldeck-Rousseau … Seulement dans une période de crise aiguë comme celle que nous traversons, la hiérarchie des priorités, la gradation des inconvénients, s’établit de façon évidente.