Pourquoi les hommes ont tant de mal à repérer la misogynie
Si des hommes ont été surpris par la réaction autour de #YesAllWomen après les meurtres d'Elliot Rodger, c'est parce que les hommes ne voient pas ce que vivent les femmes. Le mois dernier, quand la police de Santa Barbara s'est présentée au domicile d'Elliot Rodger – suite à un signalement de sa mère qui venait de découvrir ses vidéos YouTube dans lesquelles il détaillait son hostilité à l'égard des femmes qui avaient refusé d'avoir des relations sexuelles avec lui, étalait sa jalousie envers les hommes qu'elles avaient pu lui préférer, tout en faisant part de ses intentions de remédier à cette «injustice» en exhibant toute sa «puissance» et sa «magnificence» –, les officiers allaient repartir avec l'impression que Rodger était un «être humain merveilleux, gentil et tout à fait courtois». Ce week-end, les informations sur la tuerie ont rapidement fait le tour du monde, et le réveil a une nouvelle fois été très dur sur les médias sociaux. Amanda Hess Traduit par Peggy Sastre Amanda Hess
Le sexisme anti-hommes... et pourquoi il n'existe pas
« Sexisme anti-hommes », « sexisme inversé » (s’il est « inversé », on reconnaît dans quel sens fonctionne le sexisme « normal » !), « misandrie »… Vous avez sans doute déjà entendu ces expressions, dans un raisonnement honnête ou pour contourner de manière fort pratique le problème de la misogynie. Elles désignent les oppressions dont seraient victimes les hommes, souvent attribuées aux féministes ou aux femmes en général. Signe distinctif de ces oppressions : elles n’existent pas… ou, du moins, elles ne sont pas ce que vous croyez. Une symétrie illusoire Il faut tout d’abord rappeler que le sexisme est un système.
BALLAST Mona Chollet : « Écrire, c’est un acte à part entière »
Entretien inédit pour le site de Ballast « Chacun est une foule », écrivait Mona Chollet à propos du travail d'écrivain, ce « beau cas d'appartenance multiple » (Lahire). Quelle meilleure manière de présenter l'auteure de La tyrannie de la réalité ou de Beauté fatale, également rédactrice au Monde diplomatique et « enquêtrice dans les livres », comme elle nous le confie, dont la plume explore les tiraillements de nos sociétés ? Une œuvre qui appelle à ne surtout pas se réduire à une seule fonction (celle qui nous rémunère), comme à une seule identité, même contrariée, et à lutter contre « la fascination du désastre ». Dans un café bruyant, nous avons discuté, entre autres choses, de son dernier ouvrage, Chez soi, une odyssée de l'espace domestique.
Le chant du rampant: Et si j'étais un violeur?
Je n'ai jamais agressé une femme dans la rue, physiquement, ni même verbalement. Je n'ai jamais payé pour du sexe, ni même ne suis jamais rentré dans un bar de danseuse. J'ai laissé plusieurs femme me tromper, me quitter pour des amis proches sans jamais chercher à me venger de quelques façons que ce soit.
Sexisme hipster ou le privilège de la distance
L’autre jour, ma mère me demandait ce qu’est un hipster. Les définitions peuvent certainement varier, mais je lui ai répondu à peu près ceci : un hipster est une personne qui s’approprie certains éléments (souvent rétros) associés à la culture prolétaire, à des fins esthétiques, mais toujours avec une pointe d’ironie. Certaines personnes mal avisées pourraient croire que les femmes hipsters n’ont pas de goût avec leurs leggings taille haute, leurs tricots des années 80 et leurs grosses lunettes.
Toutes des salopes, ou le mythe du mec trop gentil
Je vais vous raconter une histoire que vous connaissez déjà. Comme vous la connaissez déjà, pour la rendre un peu plus intéressante, et aussi parce que j’ai faim, les protagoniste auront des noms de fruits. Il était une fois un garçon qui s’appelait Poire. Poire fréquentait des filles.
Féminisme : des ressources pour les jeunes filles #1
En écho à la diffusion du documentaire « A quoi rêvent les jeunes filles », réalisé par Ovidie, j’ai reçu plusieurs demandes de parents à la recherche de ressources féministes… Pour leur jeune fille, justement. Pas facile en effet de trouver des livres et médias adaptés, qui dégomment les stéréotypes et donnent des pistes de réflexion. Voici donc la première partie d’une petite sélection (non-exhaustive), qui peut marcher aussi pour les garçons, les mamies, et… Pour tout le monde, en fait. Commando Culotte, Mirion Malle
BALLAST Christine Delphy : « La honte doit changer de bord »
Entretien paru dans le n° 2 de la revue papier Ballast « Il y a eu – et il y a toujours – un système politico-médiatique qui travaille à effacer nos traces, nos luttes », assure Christine Delphy, que nous retrouvons dans un café une fin d'après-midi. Essayiste et activiste féministe, matérialiste (en ce qu'elle s'attache à l'examen des rapports sociaux concrets) et marxienne (en ce qu'elle puise dans l'héritage marxiste sans jamais s'y subordonner), elle milita aux États-Unis pour les droits civiques des Afro-Américains, porta la gerbe de fleurs lors de la célèbre manifestation autour de la tombe du soldat inconnu, lutta pour le droit à l’avortement, cofonda Les Gouines rouges et lança les revues Questions féministes et Nouvelles questions féministes, aux côtés de Simone de Beauvoir. Sa parole — radicale et à rebrousse-poil, quoique pleine d'un humour piquant — irrite parfois, y compris au sein de certains espaces féministes. C’est une querelle dépassée ? En partie, oui.
En tant qu'homme, je ne suis pas féministe, peut-être proféministe
Une mode est récemment apparue dans la presse française et internationale à propos des hommes qui se disent "féministes" et dont on présente l'engagement comme "essentiel" pour les droits des femmes. Il est temps de se demander si cette nouvelle habitude qui se veut bienveillante n'est pas finalement contre-productive. Pas une semaine sans qu'un article, une campagne ne nous vante les mérites des hommes "les vrais", les gentils, ceux qui brillent dans le bon camp et affichent un "féminisme" évident. Cette pratique part de l'idée que l'égalité est "l'affaire de tous" (et même plus de toutes) et que les hommes doivent y jouer un rôle central.
La non-mixité : une nécessité politique
La ségrégation, c’est-à-dire la séparation imposée, l’accès réservé à certaines places ou certains espaces sociaux, est une des principales formes que prend la domination – que ce soit la domination des riches sur les pauvres, celle des hommes sur les femmes ou celle des blancs sur les non-blancs. Mais ce n’est pas la seule : de nombreux mécanismes de domination perdurent au sein même des espaces sociaux mixtes, malgré la mixité, voire parfois grâce à elle. C’est ce que montre Christine Delphy dans le texte qui suit : la mixité n’est pas en elle-même un bien qu’il faudrait opposer sans discernement à une non-mixité forcément « enfermante » et « étouffante » ; la non-mixité n’est en fait oppressante que lorsqu’elle est subie, au même titre que peut être oppressante une mixité ou une proximité subie. Je voudrais parler ici des différents sens de la mixité, en particulier mais pas exclusivement de la mixité entre les sexes, et de la non-mixité. La non-mixité subie
L'insupportable haine envers les femmes
Nous sommes toutes et tous profondément éduqué-es, conditionné-es, formaté-es à haïr les femmes. Nous haïssons les femmes quand elles sont belles, nous haïssons les femmes lorsqu'elles sont laides, nous haïssons les femmes quand elles sont grosses, nous haïssons les femmes comme ci ou comme cela. Nous n'aimons rien de ce qui est considéré comme féminin et nous nous en excusons si c'est le cas ("j'aime bien le maquillage pardon c'est un peu futile mais ca me détend" - rire gêné). Les femmes se haïssent entre elles mais leur pouvoir de nuisance, en termes de violences de genre, reste limité. Les hommes sont éduqués, formatés, à battre les femmes, à les violer, à les harceler.
combien de fois 4 ans: 12 suggestions pratiques pour vous chers camarades
(english below) 12 suggestions pratiques destinées aux hommes qui se trouvent dans des espaces féministes Règle #1. Prenez conscience du fait que les discussions ne tournent pas autour de vous. Oui, oui, vraiment! Troublé?