Savoir et prévoir. Depuis l’interview d’Agnès Buzyn au Monde mardi 17 mars, les critiques pleuvent de toutes parts sur le gouvernement français.
« Face au coronavirus, les politiques n’ont pas eu le cran de poser le débat » Tribune.
L’explosion de la pandémie de Covid-19 est un révélateur : la politique est en état d’apesanteur. La soirée électorale du dimanche 15 mars en témoigne, où l’on parla davantage du coronavirus que des résultats. Poussée par la crise sanitaire, l’abstention atteint des records historiques, passant à plus de 55,25 %. Cela accélère un déclin continu depuis 1977 (où elle n’était que de 21,1 %). La République en marche (LRM) encaisse une débâcle : elle n’enregistre que des succès de second plan, elle est en échec dans la plupart des grandes villes et va sans doute perdre Lyon, l’une des rares qu’elle tenait.
Elle fait piètre figure à Paris, qui avait plébiscité l’actuel président en 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le scrutin du 15 mars restera marqué par une abstention record imputable au contexte sanitaire » L’Institut Montaigne souhaite une augmentation du temps de travail pour « rebondir face au Covid-19 » Des journées de travail plus longues, un jour férié en moins, une semaine de vacances scolaires qui saute, un recours accru au forfait jour dans la fonction publique… dans une note publiée mercredi 6 mai, l’Institut Montaigne, un think tank libéral, plaide pour une augmentation du temps de travail après le confinement. « Les périodes de confinement strict ou assoupli, et la nécessité de travailler en coexistant durablement avec un virus en circulation vont bouleverser durablement nos organisations productives », peut-on lire dans cette note.
Lire aussi Coronavirus : les Etats tentent de faire repartir l’économie tout en évitant un rebond de l’épidémie Pour « rebondir face au Covid-19 », l’Institut Montaigne propose d’« assouplir quelques verrous juridiques persistants » en permettant aux entreprises de « déroger au temps de repos minimum [sic] quotidien de 11 heures minimum par jour ».
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Coronavirus : comment le discours des autorités sur les masques a largement changé. C’était il y a une éternité.
En France, le SARS-CoV-2 n’était alors qu’un virus lointain qui n’avait pas encore de nom. A Wuhan, là où il a frappé en premier, le port du masque a été massivement adopté par la population dès les premiers jours de 2020. Il a fallu attendre des milliers de morts en France et ailleurs, ainsi qu’une connaissance accrue du nouveau virus pour que celui-ci s’impose en France, lentement, comme une solution pour limiter la circulation du virus.
Samedi 2 mai, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a même confirmé son intention de le rendre obligatoire dans les transports en commun. Retour sur l’évolution du discours des autorités sanitaires de janvier à maintenant, au gré des ravages du Covid-19. Agnès Buzyn, ministre de la santé, le 26 janvier : « Les masques chirurgicaux (…) sont uniquement utiles quand on est soi-même malade, pour éviter de contaminer les autres. » Les regrets d’Agnès Buzyn : « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade » « Je me demande ce que je vais faire de ma vie. » Agnès Buzyn est enfin rentrée chez elle, lundi 16 mars, en milieu d’après-midi.
Dépistage du coronavirus : les raisons du fiasco français sur les tests. « Testez, testez, testez !
» Aucun conseil de lutte contre le Covid-19 n’a été moins suivi, en France, que celui énoncé le 16 mars par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’idée est pourtant simple. Dépister les personnes suspectées d’être porteuses du virus, même faiblement symptomatiques, permet de les isoler et de rompre la chaîne de transmission de la maladie. Les chiffres sont cruels. Dans un état des lieux des politiques menées par ses Etats membres, l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) signale qu’en date du 15 avril, le nombre de personnes dépistées en France était de 5,1 pour 1 000 habitants, derrière la Turquie (5,3 pour 1 000) et devant le Chili (4,8 pour 1 000).
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quatre tests sérologiques pour le SARS-CoV-2 mis au point à l’Institut Pasteur L’une des clés du retard tient à la sous-utilisation des laboratoires publics. Masques: les preuves d’un mensonge d’Etat. « La gestion de la pandémie de Covid-19 et les mesures nécessaires à la sortie de crise conspirent à faire de l’environnement une question subsidiaire » Chronique.
Que de la catastrophe il puisse naître quelque chose : c’était l’espoir de ceux qui se soucient de l’environnement. Il aura fallu très peu de temps pour que cet espoir soit douché. Pénurie de masques : comment la France a arrêté de se préparer aux épidémies. La gauche et les syndicats retrouvent les bienfaits de l’Etat-providence. « Il ne faut pas tout attendre de l’Etat. » La phrase prononcée par Lionel Jospin en 1999 serait-elle devenue le symbole de l’ancien monde ?
A l’époque, le premier ministre socialiste reconnaissait son impuissance à empêcher les 7 500 licenciements décidés par Michelin. Un aveu douloureux pour ce défenseur d’un Etat stratège. Johann Chapoutot: «Merkel parle à des adultes, Macron à des enfants» «Nous sommes en guerre»: Les profits politiques de la rhétorique guerrière. Dans son discours du 16 mars 2020, le président de la République, à la manière quasi martiale d’un chef militaire, a répété six fois « Nous sommes en guerre ».
Clément Viktorovitch : le point presse du gouvernement - Clique - CANAL+ Clément Viktorovitch décrypte le discours d'Emmanuel Macron - Clique à la Maison.