La Russie championne de la manipulation de l’information. Les fake news prolifèrent, portées par la viralité d’Internet et la crise de confiance dans les démocraties.
Mais personne ne manipule aussi bien l’information que la Russie selon un rapport français. En 2015, la chaîne Rossiya 1 réalise un reportage sur l’islamisation de la France. Une plongée dans les rues du quartier Barbès à Paris où la journaliste russe affirme que « pratiquement personne ne parle français. Au marché, on ne vend que de la viande halal […]. Une femme sur deux porte la burqa ou le niqab. La journaliste égrenait également une ribambelle de statistiques plus farfelues les unes que les autres, faisant état de 11 millions de musulmans en France, soit près de trois fois plus que le chiffre réel. En Russie, un des principaux médias encore indépendants bascule dans le giron du pouvoir. Il y a deux mois, la rédaction de Viedomosti avait commencé à s’alarmer, lorsque son nouveau rédacteur en chef, à peine nommé, avait décidé seul de censurer un éditorial critique à l’égard de Vladimir Poutine.
Même décision concernant un article pas tendre pour le principal consortium pétrolier Rosneft, dirigé par un proche du président russe, Igor Sietchine. Dans la foulée, le personnel de Viedomosti avait appris le rachat du titre indépendant par une agence très peu connue sur la place de Moscou, Federal Press. Vers la fin de « Vedomosti », dernier bastion de la presse indépendante en Russie. Après trois mois de crise, Vedomosti a crevé l’abcès.
Les cinq rédacteurs en chef adjoints de ce quotidien économique russe jusque-là réputé pour son indépendance vis-à-vis du Kremlin ont préféré démissionner collectivement, lundi 15 juin. Russie : des médias sous contrôle de l’Etat. La mainmise de l’Etat est la grande caractéristique des médias russes.
La quasi-totalité des chaînes de télévision et les principaux journaux appartiennent soit directement à l’Etat, soit à des oligarques ou groupes proches du pouvoir. L’Internet en revanche offre plus d’espaces de liberté. Eclaboussé par les révélations des Panama-Papers et par des scandales sur sa fille, Poutine avait fait pression sur le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, pourtant considéré comme relativement modéré. Ce dernier avait alors dû céder aux objurgations du Kremlin de faire tomber des têtes dans la rédaction de son holding médiatique RBK. Le ton de la couverture est tout de suite devenu plus conciliant. Généralement, les chaînes télévisées abondent dans le sens du Kremlin.
Dès son entrée en fonction en l’an 2000, Poutine a commencé par mettre au pas la chaîne NTV, qui défendait les idées de l’opposition et appartient depuis au holding Gazprom-Media. Mise à jour : mai 2018. « Vedomosti », journal de référence en Russie, en péril. C’était un éditorial de crise.
Jeudi 23 avril, un groupe de journalistes de Vedomosti a signé un texte au vitriol contre leur propre directeur de la rédaction. Ce jour-là, sur le site Web du journal réputé pour son indépendance vis-à-vis du Kremlin, ils ont écrit noir sur blanc ce qui se murmurait depuis qu’en mars le titre avait été repris par deux hommes d’affaires et que, dans la foulée, Andreï Chmarov avait été nommé à la tête de la rédaction. « Nous voudrions confirmer que nous chérissons les valeurs sur lesquelles la réputation de Vedomosti est bâtie et nous avons l’intention de continuer à les défendre », rappellent les signataires de l’éditorial. « Si Vedomosti perd sa réputation, il deviendra juste un autre média asservi et contrôlé, motivé non par le besoin des lecteurs d’avoir des informations vérifiées et des analyses de haute qualité, mais par les intérêts et les ambitions de ses propriétaires officiels et cachés. » Liberté de la presse en Russie: le bilan accablant de Vladimir Poutine. Lire en russe / Читать на русском Monsieur le Président, Depuis votre arrivée au pouvoir il y a 18 ans, vous n’avez eu de cesse de museler les voix critiques.
Mais cette tendance s’est encore considérablement renforcée au cours de votre dernier mandat. (9) En Russie, treize ans de camps contre l'historien Iouri Dmitriev. La nouvelle est tombée comme un coup de massue.
Ce mardi en fin d’après-midi, la cour suprême de Carélie a rendu son verdict définitif dans l’affaire Iouri Dmitriev. Treize ans ferme de «camp à régime sévère» pour «pédophilie» à l’encontre de l’historien des crimes staliniens. Dans les prisons russes, un tel verdict est une condamnation à mort. Soudain, l’atmosphère presque festive qui régnait, le 22 juillet, autour du tribunal de Pétrozavodsk, s'est évanouie. À lire aussi En Russie, les croix et la bannière de l’historien des crimes staliniens Cet été, le tribunal avait reconnu l’historien coupable, mais lui avait infligé une peine limitée de trois ans et demi de prison. Les proches de Iouri Dmitriev avaient battu le rappel pendant tout le mois de septembre : il était trop tôt pour se relâcher et crier victoire. À lire aussiIl faut libérer l’historien Iouri Alekseïevitch Dmitriev Mémorial et activisme Au début, les autorités russes participent. Lucien Jacques Correspondant à Moscou. L’équipe d’Alexeï Navalny affirme que des traces de Novitchok ont été retrouvées sur une bouteille à son hôtel.
Le Monde et des tiers selectionnés, notamment des partenaires publicitaires, utilisent des cookies ou des technologies similaires.
Les cookies nous permettent d’accéder à, d’analyser et de stocker des informations telles que les caractéristiques de votre terminal ainsi que certaines données personnelles (par exemple : adresses IP, données de navigation, d’utilisation ou de géolocalisation, identifiants uniques). Ces données sont traitées aux fins suivantes : analyse et amélioration de l’expérience utilisateur et/ou de notre offre de contenus, produits et services, mesure et analyse d’audience, interaction avec les réseaux sociaux, affichage de publicités et contenus personnalisés, mesure de performance et d’attractivité des publicités et du contenu.
Affaire Alexeï Navalny : la Russie sommée de s’expliquer. Jusqu’à présent, c’est sous forme de communiqués écrits ou par le truchement de son porte-parole qu’elle avait commenté l’affaire.
Mercredi 2 septembre, c’est en personne, à l’occasion d’un bref point-presse convoqué à la dernière minute, qu’Angela Merkel a pris la parole pour annoncer que l’opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé à Berlin depuis le 22 août après un malaise à bord d’un vol commercial en Sibérie, avait été empoisonné par un agent toxique de la famille du Novitchok. « Désormais, le doute n’est plus permis : Alexeï Navalny a bien été victime d’un crime. On a voulu le réduire au silence », a déclaré la chancelière allemande sur un ton d’une inhabituelle gravité, avant d’ajouter : « De très graves questions se posent à présent, auxquelles seul le gouvernement russe peut et doit répondre. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les proches d’Alexeï Navalny plus déterminés que jamais dans leur opposition à Poutine. Alexeï Navalny accuse Vladimir Poutine d'avoir commandité une tentative d'empoisonnement. Vladimir Poutine peut rester à la tête de la Russie jusqu’en 2036.