« Je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries » : le confinement a aggravé les inégalités hommes-femmes. Le soulagement fut de courte durée.
Lorsque, une semaine après le début du confinement, son conjoint ingénieur est passé au chômage partiel, Cécile espérait qu’il l’aide à la maison. « Il en fait un peu plus depuis que nous sommes tous les deux en télétravail, raconte cette mère de deux garçons en maternelle. Mais je continue de gérer l’essentiel : les courses, les repas, les devoirs, le jardin, les profs, les angoisses des proches… » La journée, elle peine à se concentrer sur son travail. « Quand je souligne l’inconfort de ma situation, il demande de quoi je me plains. » Au fil des jours, l’incompréhension s’est installée dans leur couple.
Trop souvent, elle a le sentiment que son compagnon sous-estime la charge de travail supplémentaire pesant sur ses épaules. « Je sacrifie ma carrière, mon temps, confie-t-elle. Et je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries. » La situation est particulièrement délicate pour les mères célibataires. Le souci de l’autre, un retour de l’éthique du « care » C’est devenu un rituel fédérateur.
Chaque soir à 20 heures, les soignants sont applaudis aux fenêtres. Sur les poubelles, des messages remercient les éboueurs de travailler malgré le danger. Les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont fêtés en héros, de même que les caissières des supermarchés et les agents de sécurité.
Hier invisibles, tous ces métiers font l’objet dans l’opinion d’une reconnaissance inédite, comme s’il fallait une catastrophe sanitaire pour révéler combien ils sont indispensables à la vie quotidienne. La crise sanitaire « décape notre regard, rend visible une réalité habituellement tissée dans l’ordinaire de nos vies », constate Pascale Molinier, chercheuse en psychologie sociale, auteure de Le Care monde. Ces deux chercheuses ont contribué, avec la sociologue Patricia Paperman, à introduire en France l’éthique du « care », qui explore les valeurs morales communes à l’ensemble des gestes du service et du soin. Infirmières, soignantes, caissières : « C’est une bande de femmes qui fait tenir la société »
« Infirmières, aides-soignantes, caissières, enseignantes, aides à la personne, personnel de nettoyage : c’est une bande de femmes qui fait tenir la société !
», soulignait l’ancienne ministre de la justice, Christiane Taubira, le 13 avril, sur France Inter. Il n’est pas vain de le rappeler, les femmes représentent 91 % des aides-soignants, 83 % des enseignants du premier degré, 90 % du personnel des Ehpad, 90 % des caissiers et 97 % des aides à domicile. Des métiers souvent peu reconnus à leur juste valeur, tant sur le plan financier que social, mais plus que jamais apparus comme essentiels aux yeux du public en cette période de crise du Covid-19.
En plus d’être largement majoritaires dans ces métiers peu considérés et peu rémunérés, les femmes sont également celles qui, au sein des foyers, continuent de porter une large part des tâches ménagères et du suivi de la scolarité. François Dubet : « Le confinement dû au coronavirus accroît la violence des “petites inégalités” » Tribune.
Confinés seuls, les riches New-Yorkais découvrent les corvées, et c’est “un choc” Descendre les poubelles, changer les couches, nettoyer la litière du chat… Autant de tâches impensables pour les habitants les plus privilégiés de la “Big Apple”, raconte le New York Post.
Jusqu’à ce que le confinement les prive de leurs précieux assistants de vie, nourrices et autres gouvernantes. “Je ne savais même pas où jeter les poubelles. D’habitude, c’est mon personnel qui les ramasse et les dépose quelque part.” Interrogée par le New York Post, cette “médecin de la [très chic] 5e Avenue [new-yorkaise], qui a décidé de s’accrocher à un semblant de normalité” pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, en “continuant de travailler depuis son cabinet”, l’admet : “elle a découvert dès le premier jour à quel point elle était démunie sans son équipe de cinq assistants”.
Du côté de Soho, un autre quartier huppé de Manhattan, “Kenneth Mark n’avait jusqu’ici jamais eu beaucoup de temps pour les tâches domestiques”. Cette absence “a provoqué un choc.