Aux origines du désastre écologique. C’est un joli mot : anthropocène, du grec anthropos (« être humain ») et kainos (« nouveau »), il signifie « l’âge de l’homme », et pourrait être riche de promesses.
Dans les faits, il pointe le responsable du désastre écologique en cours. Popularisé en 2000, par le spécialiste de l’atmosphère Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie 1995, le terme désigne une époque géologique qui a débuté il y a environ deux siècles, lorsque notre espèce est devenue le principal moteur des changements qui affectent la planète. Le développement de nos sociétés modernes repose en effet sur un implicite : la maîtrise de la nature comme ressource illimitée – soit, précisément, ce que remet aujourd’hui en question le bouleversement des équilibres écologique et climatique de la Terre. Cette domination atteint des sommets depuis l’avènement de la révolution industrielle. Mais elle plonge ses racines bien plus profondément dans le temps : au moins jusqu’au Moyen Age occidental. Patrick Pouyanné, PDG de Total : « La question de la pérennité des compagnies pétrolières est posée »
Le PDG de Total a annoncé, en avril, une nouvelle stratégie climatique pour le groupe, qui comporte l’engagement d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050.
Pour la première fois, une résolution demandant à Total d’être plus ambitieux a été déposée à l’assemblée générale du groupe, fin mai – elle a obtenu 16 % des voix des actionnaires. Comprenez-vous qu’il soit difficile de croire à la sincérité de Total sur la neutralité carbone ? Le groupe est le premier émetteur de CO2 du CAC 40, et son modèle repose sur la production et la vente d’énergies fossiles… Si on ne dit rien, on est accusés de ne rien faire ; si on dit quelque chose, on est accusés de ne pas être sérieux ! Tous les mots sont importants : on a dit que l’on avait l’ambition de viser mondialement la neutralité carbone, mais on a aussi dit qu’on n’est pas capables d’y arriver seuls.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi En France, le secteur des énergies renouvelables appelle à une « accélération »
Thomas Piketty : « Après la crise, le temps de la monnaie verte » Chronique.
La crise engendrée par le Covid-19 peut-elle précipiter l’adoption d’un nouveau modèle de développement, plus équitable et plus durable ? Oui, mais à condition d’assumer un changement clair des priorités et de remettre en cause un certain nombre de tabous dans la sphère monétaire et fiscale, qui doit enfin être mise au service de l’économie réelle et d’objectifs sociaux et écologiques. Il faut d’abord mettre à profit cet arrêt économique forcé pour redémarrer autrement. Après une telle récession, la puissance publique va devoir jouer un rôle central pour relancer l’activité et l’emploi. Mais il faut le faire en investissant dans de nouveaux secteurs (santé, innovation, environnement), et en décidant une réduction graduelle et durable des activités les plus carbonées.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Thomas Piketty : « L’urgence absolue est de prendre la mesure de la crise en cours et de tout faire pour éviter le pire » We often hear it said, in certain circles, that the current #COVIDー19 crisis would be "good for the climate and the environment," or that we ought "to apply the same measures against climate change.
Post COVID 19. « La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme, le capitalisme numérique » Entretien.
Daniel Cohen est professeur à l’Ecole d’économie de Paris – dont il est un des membres fondateurs – et directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. Membre du conseil de surveillance du Monde, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dans lesquels il mêle diverses sciences sociales et histoire pour décrire de façon accessible aux non-économistes les grandes mutations socio-économiques anciennes et contemporaines, dont Les Origines du populisme, avec Yann Algan, Elizabeth Beasley et Martial Foucault (Seuil, 2019), et, chez Albin Michel : Il faut dire que les temps ont changé… (2018) ; Le monde est clos et le désir infini (2015) ; Homo Economicus (2013) ; La Prospérité du vice (2009).
Il est courant, dans le débat public, de comparer la crise actuelle à celles de 2003 (consécutive à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère, SRAS), de 2008 et même de 1929. Ces comparaisons ont-elles un sens ? On en est désormais très très loin !